Jo Condé à nouveau devant la Justice: juges et chasseurs sont à l'affût.

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Publié le jeudi 21 janvier 2010 dans la Provence

Marathon judiciaire, hier, pour le président de la fédération des chasseurs

C'est presque à croire qu'il préfère les prétoires aux collines, marais, raies de vigne et bords de Durance où les chasseurs ont coutume d'oeuvrer. Hier, le président de la Fédération départementale des chasseurs, Jo Condé, a comparu à deux reprises devant la justice: cour d'appel, puis tribunal correctionnel pour une longue audience consacrée à trois dossiers de harcèlement moral.


Trois anciens employés de la fédération ont raconté comment, selon eux et l'accusation, on les a dénigrés, "contre-employés", écartés, isolés. Comment on a dénaturé leur métier jusqu'à les faire craquer. Et quitter la fédération. Patrick, Patrice et Guillaume sont pourtant des passionnés de la chasse et de la nature. Mais selon eux, en 2005, avec l'arrivée de Jo Condé à la tête de la Fédération départementale des chasseurs, tout a changé. Est-ce parce que l'un d'eux, président d'une petite association de chasseurs, avait refusé d'appeler à voter pour Condé, candidat? Est-ce parce qu'un autre a conseillé au premier d'aller consulter l'inspection du travail? Est-ce parce que le troisième aurait refusé de participer à un trafic de vêtements de marque,pour lequel Condé a été condamné en première instance? Il a, depuis, fait appel.


Le principal intéressé, et prévenu, a nié en bloc, face à la présidente Imbert, avoir harcelé d'une quelconque manière les trois plaignants, représentés par MesLeca et Rebstock. "On m'a retiré toutes mes missions sur le terrain, pour me cantonner dans un petit bureau. Je suis pas un chien, ça m'a tué. On m'a dit que je ne servais à rien, puis quand je suis parti en invalidité, on m'a remplacé par deux personnes", a soupiré l'une des victimes. Une autre a souligné que le président était allé aussi faire pression sur son futur employeur, la mairie de Saint-Martin-de-Crau. Jo Condé, lui, a dégainé les arguments un à un. "Je n'ai harcelé personne", a-t-il répété, expliquant avoir voulu mettre de l'ordre dans la fédération. Et redressé les finances.


Puis est revenue, comme à chaque audience d'ailleurs, la théorie du "complot" et de la "manipulation"contre un président victime. Et le fossé entre les "pro" et les "anti Condé". Théorie démontée par le procureur Fouquet-Lapar: "Il n'y a pas de personnalité en haut qui tire les ficelles, a-t-elle prévenu. Ce qui m'intéresse, ce sont les éléments légaux. Et de savoir si, oui ou non, le harcèlement moral est constitué." Reprenant alors la définition de l'infraction, elle est revenue sur chaque fait. Puis a requis dix mois d'emprisonnement avec sursis, 10000€ d'amende et l'interdiction, pendant cinq ans, d'exercer l'activité sociale dans le cadre de laquelle les faits ont été commis. "Votre objectif était de neutraliser ces trois personnes", a-t-elle dit. Pour elle en effet, le harcèlement moral est constitué.


Avant le Parquet, les avocats de la partie civile étaient longuement revenus sur les avertissements, le dénigrement, les brimades, les placards, la "chasse aux sorcières", les conséquences psychologiques. Et sur le profil de Jo Condé, dressé par un psychiatre: "Une personnalité qui ne se pose plus de limites", "une fuite en avant basée sur un sentiment d'impunité et de toute puissance", ont repris les conseils des plaignants. Les avocats de Jo Condé, MesCallandra et Collino, ont, quant à eux, plaidé la relaxe. "Ils faisaient tout ce qu'ils voulaient avant l'arrivée de Jo Condé à la tête de la fédération. Celui-ci a seulement voulu remettre de l'ordre dans la structure. Un employeur est en droit de demander des comptes." Ils ont contesté tout fait de harcèlement. La décision sera rendue le 24 mars à 14h.

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